Genèse d'une idée

L'idée, puis la volonté de construire un vaste Complexe intersyndical sur Paris - ou sur sa périphérie immédiate - procèdent, au total, de deux ordres de réflexion.

En premier lieu, l'évolution de la vie syndicale s'accommodait mal de la dispersion des sièges de Fédérations dans Paris, par suite, notamment des difficultés sans cesse accrues de transport et de stationnement. Il en résultait une grande perte de temps pour les militants et des frais généralement hors de proportion avec les commodités que l'on croyait trouver par le simple fait de l'implantation au cœur de la capitale.
En second lieu, la Confédération elle-même se trouvait confrontée à de graves problèmes de locaux à une époque où son fonctionnement et son renforcement exigeaient la mise en place d'équipes et d'outils nouveaux pour faire face aux nécessités qu'illustrait parfaitement la campagne engagée pour donner à la CGT les moyens nécessaires à une action pleinement efficace, à la mesure de ses responsabilités.
C'est à la Fédération de la Métallurgie que devait revenir le mérite de donner le départ d'une nouvelle politique de locaux.

Aménagement du patio

En 1975, elle amorçait une première opération de regroupement de ses biens immobiliers jusque-là dispersés, opération stimulée par la menace d'expropriation qui pesait sur son U.S.T.M. parisienne implantée rue J.P. Timbaud, locaux que les militants de la CGT connaissent bien pour y avoir suivi maints congrès et autres manifestations syndicales. Sur cette lancée, quelques autres fédérations - à l'origine, en nombre limité, il est vrai -manifestèrent le désir de participer à la réalisation d'un Complexe plus vaste les englobant.

Construction

Rapidement les difficultés surgirent, notamment quant au choix de l'emplacement. Et il apparut que les chances d'aboutissement du projet envisagé seraient bien meilleures en portant l'affaire à un niveau plus élevé pour assurer la cohésion et la mobilisation des énergies qu'impliquait la réalisation d'une opération de vaste envergure, à laquelle la CGT toute entière serait associée.
C'est ainsi que naquit, en 1976, après un long travail de conviction auprès de certaines fédérations hésitantes, la Société d'Etudes et de Recherches qui, après d'inévitables balbutiements, est devenue le fer de lance de l'opération, sous le contrôle vigilant du Bureau Confédéral et des Fédérations intéressées.
Nous n'épiloguerons pas sur toutes les péripéties de la mise au point du projet définitif.
Le choix de Montreuil fut guidé par des considérations évidentes de «bonnes relations» avec une municipalité de gauche prête à dégager les terrains nécessaires. Egalement par l'argument selon lequel la construction d'un Complexe de cette importance à l'est de Paris, en milieu populaire, ferait heureusement équilibre à d'autres centres d'activité situés à l'opposé (Palais des congrès de la Porte Maillot, entre autres).

Cela ne gommait pas pour autant tous les impératifs d'une administration tatillonne sous la coupe d'un gouvernement qui ne voyait pas d'un bon œil l'édification d'une telle façade syndicale prestigieuse sous le sigle de la CGT.

En fait, nous ne pouvions réellement compter que sur la Municipalité de Montreuil et sur le Conseil Général de la Seine St-Denis, dont les responsables - et particulièrement nos camarades Marcel Dufriche et Georges Valbon - nous accordèrent un appui constant.
Il reste qu'il a fallu une bonne dose de volonté persévérante pour finalement venir à bout des multiples obstacles rencontrés depuis le départ jusqu'à la mise en œuvre de la construction. Le mérite principal en revient sans conteste à notre camarade Georges Séguy qui, dès l'origine, a encouragé à plein un projet dont l'avenir fut longtemps incertain, compte tenu de l'énormité des moyens à rassembler et de l'hostilité à peine voilée des milieux liés au pouvoir giscardien.

Vue du patio lors du Congrès de 1985

Pour avoir partagé cette responsabilité sans restriction, je suis personnellement heureux de constater que mon successeur, Ernest Deiss, aujourd'hui responsable de l'administration confédérale, a réussi, en liaison avec les responsables de la SCER, à mener à bien une des plus belles opérations d'investissement que la CGT ait réalisées, sinon la plus belle.
Je suis persuadé que les militants et les syndiqués de la CGT des générations futures sauront en apprécier l'importance et le symbole qu'elle recouvre. Car c'est en pensant à eux - et pour eux - que cela s'est fait!

André BERTELOOT [en 1985],
Ancien secrétaire de la CGT, premier président de la SCER.

La CGT ou l’histoire d’une solidarité

La CGT a, depuis sa naissance, la volonté d’être une grande force syndicale d’émancipation. Elle a donc oeuvré sans relâche pour un monde meilleur et a largement participé pour qu’il soit moins dur, plus vivable et plus digne pour celles et ceux qui vivent de leur travail.
Plus que jamais la lutte continue !

1895 Naissance de la Confédération générale du travail qui se donne pour objectifs « d’unir sur le terrain économique et dans des liens étroits de solidarité les travailleurs en lutte pour leur émancipation intégrale ».
1906 Grève générale le 1er mai en faveur de la journée de 8 heures. Au congrès d’Amiens, la CGT confi rme les orientations d’un syndicalisme de lutte, indépendant et à vocation révolutionnaire.
1914 Les orientations antimilitaristes et antipatriotiques de la CGT se heurtent à la puissante vague chauvine qui envahit le pays. Le 1er août, les principaux leaders syndicaux rallient l’Union sacrée.
1918-1922 Au sein de la CGT, deux courants s’affrontent. Le processus scissionniste est en marche. En 1922, deux centrales coexistent : la CGT (dite confédérée) et la CGTU (unitaire).
1934 Le 12 février, la CGT et la CGTU manifestent leur unité face au coup de force des ligues d’extrême droite. C’est un premier pas vers la réunification.

Manifestation anti-fasciste à Paris le 12 février 1934 © DR-IHS-CGT

1936 Réunification syndicale. Les grandes grèves qui suivent la victoire du Front populaire débouchent sur de grandes conquêtes sociales (semaine de 40 heures, congés payés, conventions collectives).
1943 La CGT donne ainsi une impulsion décisive à la mise en place, le 27 mai 1943, du Conseil national de la Résistance. Celui-ci s’engage alors dans l’élaboration d’un programme intitulé « Les Jours heureux ».
1945-1946 La CGT compte plusieurs millions d’adhérents. La poussée progressiste de l’après-guerre permet des avancés sociales et économiques majeures (nationalisations, Sécurité sociale, comités d’entreprise, statuts des personnels…).
1947 La scission du courant organisé autour du journal Force ouvrière brise à nouveau l’unité de la CGT.

1954 La CGT prend des positions courageuses en faveur de la paix et de l’indépendance algérienne.
1968 Les grèves historiques de mai-juin se soldent par de solides réalisations sociales (augmentation de salaires, salaire minimum, mensualisation, droits syndicaux, temps de travail, vie contractuelle, formation professionnelle…).

Construction du siège national de la CGT à Montreuil

1978 Décision de construire un siège national pour les besoins d’un syndicat ouvert et collectif.
1981-1982 La victoire de François Mitterrand ouvre une brève période de progrès social, qui cède très vite la place à une rigueur nourrie de « réalisme économique ».

Henri Krasucki à la tribune lors du Congrès de 1985
1995 Importante mobilisation contre le plan Juppé sur les retraites et la Sécurité sociale. Le pays est bloqué, le gouvernement doit reculer.
2003 Mouvement social contre la réforme des retraites, dite « plan Fillon ».
2006 Manifestations contre le CPE (Contrat première embauche). Les organisations de la jeunesse et la CGT disent leur refus de la précarité comme destin. Le projet est abandonné par le gouvernement.
2008 Le 15 avril débute la première vague de grèves des travailleurs migrants sans-papiers menée avec la CGT.
2010 Mouvement social d’ampleur contre la réforme des retraites, qui ne parvient pas à faire reculer le gouvernement.
2015 La CGT engage une grande campagne pour la réduction du temps de travail à 32 heures.

2016 Mouvement social contre la loi El Khomri, dite « loi travail ». Rassemblements « Nuit debout » sur les places publiques.

Manifestation pour la sauvegarde de la Chapelle Darblay - DR

2019-2020 Mouvement social contre la réforme des retraites proposée par le gouvernement Édouard Philippe. Le projet est finalement abandonné par le gouvernement.
2023 Mouvement social d’ampleur contre la réforme des retraites.

En savoir plus

Histoire de la CGT R. Mouriaux, M. Pigenet (ouvrage collectif), éditions de l’Atelier, Ivry-sur-Seine, 2015 (disponible à l’IHS CGT)
La CGT en question(s) Regards croisés sur 125 années d’un syndicalisme de transformation sociale. M. Dreyfus, M. Pigenet, éditions universitaires de Dijon, 2019.

L’Institut CGT d’histoire sociale est une association créée en 1982 qui entend donner à connaître le plus largement possible l’histoire du mouvement social, et plus particulièrement celle de la CGT. www.ihs.cgt.fr

Les secrétaires généraux·ales de la CGT

* De 1945 à 1957, le Bureau de la CGT est composé de deux secrétaires généraux.

La grande maison de la CGT

Album de 17 photos.
Sources "La grande maison de la CGT"


Nos déménagements

Nos déménagements successifs ont représenté bien plus que de simples changements d'adresses! Ils ont toujours accompagné les étapes décisives de l'histoire de la confédération et de ses organisations.
Et si nos locaux grandissent au fil des décennies, c'est là le signe tangible de l'importance accrue du syndicalisme dans la vie du pays.

Le film d'un chantier

Nous avons décidé de la construction de la Bourse nationale du Travail en décembre 1979, avec l'objectif de doter notre confédération, ses fédérations et ses diverses organisations, d'un outil de travail, fonctionnel, moderne, pleinement adapté à leurs besoins et à leurs tâches.

Brève histoire des maisons de la CGT

Pour en savoir plus, télécharger :
BRÈVE HISTOIRE DES MAISONS DE LA CGT